Les idéologies politiques extra-africaines empruntées par nos élites ont
montré leurs limites en Afrique. D’autant plus que ceux qui les
brandissent n’en croient pas comme des principes inaliénables, mais les
prennent comme des backgrounds politiques. Beaucoup de formations
politiques ne sont que des clubs d’individus qui ne sont animés que
d’une chose, narguer les populations pour accéder au pouvoir, sans
programme réel et sans stratégie claire, tâtonner et improviser, tout en
se remplissant les poches avec l’argent du contribuable
Nous estimons que ces gestes déshonorants à notre égard ont trop
duré et qu’il nous faut rompre avec le tâtonnement : De par nos
lointaines origines égyptiennes, nous savons que nous n’avons pas besoin
de leaders qui nous copient des théories de développement conçues par
d’autres sociétés, le développement est en nous. Nous avons plutôt
besoin de vrais leaders crédibles qui, par la clairvoyance de leurs
esprits, savent réveiller le génie créateur, le génie bâtisseur qui dort
en chacun d’entre nous, et qui à nos cotés s’impliquent dans le
quotidien des chantiers rénovateurs.
Dans toute idéologie, il y a la dimension socioculturelle du groupe qui
l’a pensée afin de l’appliquer à lui-même. Elle n’est pas pour autant
transposable à une autre société qui, bien que s’inscrivant dans la
société universelle, ne partage pas les mêmes réalités que le groupe
générateur. Ni les penseurs du Capitalisme, ni ceux du Socialisme moins
ceux du Communisme n’ont interrogé les dimensions
socio-politico-culturelles africaines pour forger leurs doctrines. On
nous dira que l’esprit de la vie communautaire africaine, la notion de
famille élargie est plus ou moins compatible avec telle ou telle
idéologie, mais même si cela était justifié, cela ne peut pas dispenser
l’Afrique et les africains de forger leurs propres théories de
développement. Celles-ci doivent puiser dans la spécificité de nos
valeurs propres, dans la singularité de notre histoire, et dans la
particularité du destin que nos peuples veulent se forger par et pour
eux-mêmes. Ce ne sont ni à nos dimensions culturelles, ni à nos
fondements sociaux, moins à nos exigences politiques de se formaliser
pour s’emboîter dans des théories qui ne nous concernent pas, du moment
où celles-ci ont été pensées en adéquation avec les valeurs propres des
sociétés productrices qui sont très différentes des nôtres. Ainsi le
destin de l’Afrique doit sortir du copiage, de la caisse de
formalisation, qu’une élite vestige du colonialisme l’avait emboîté
depuis les indépendances, afin de s’orienter vers d’autres horizons
forcement plus radieux. Parce que celles-ci sont dictées par
l'interrogation de notre passé, que conjuguent nos valeurs actuelles et
nos aspirations futures.
La mémoire de l’Afrique, berceau de l’humanité et berceau de la
civilisation, nous dit clairement que l’Egypte pharaonique, le Carthage
ainsi que la ville de Tombouctou à l’apogée de l’empire du Mali
n’avaient bâti leur grandeur qu’en puisant dans leur génie propre. Nos
ancêtres ne comptaient que sur eux-mêmes et géraient l'Afrique au temps
de son rayonnement à notre image et conformément à nos valeurs. Cela
illustre l’urgence de la Renaissance Africaine comme idéologie, et
justifie notre choix parce que le salut de l'Afrique a toujours été de
puiser dans son originalité. Et nous devons plus que de la lumière à nos
peuples en ce début de troisième millénaire.
La Renaissance Africaine, fondée sur notre souveraineté et notre désir
de prendre notre destin en main afin de changer nos pays et notre
continent, est un retour en nous-mêmes, une interrogation de notre passé
rayonnant, un rétablissement de notre conscience historique, dans le
but d'offrir à nos peuples la sauce la plus conforme à nos aspirations.
Ce n'est pas parce que les américains mangent leurs hamburgers, les
italiens leurs pâtes, que l’Afrique de ce XXIe siècle, qui non seulement
s’inscrit dans la modernité mais avec une vocation de leader, doit
mettre à la poubelle son Tieboudieune . Et c'est ce que beaucoup nos
politiciens nous ont proposé jusque là !
La Renaissance Africaine se définit « comme, d’une part, le choix
d’un peuple dispersé dans les quatre coins de la terre, d’un peuple dont
le continent est morcelé par l’histoire, d’un peuple dont pendant des
siècles on a arraché la liberté et entaché la dignité, de renouer pour
toujours avec ses racines, avec lui-même ; et, d’autre part, le choix de
peuples unis par l’histoire, unis par l’espace, et unis par le destin,
de se forger une Afrique nouvelle : une Afrique démocratique, pacifique,
unie, fraternelle et travailleuse pour son développement ».
Conformément aux exigences de nos sociétés et du monde dans lequel nous
évoluons, elle repose sur quatre cercles que sont le Fraternalisme , le
Continentalisme , la Bonne Gouvernance et le Travail .
La Renaissance à laquelle nous aspirons sera l’œuvre des forces
vives de tout le continent et de notre diaspora. Chaque citoyen,
africaine et africain, quelque soit son espace d’action, ses domaines de
compétences et sa localisation géographique, peut et doit apporter sa
contribution dans l’édification d’une société meilleure, en s’engageant
de manière résolue et constructive dans des projets vecteurs de progrès.
Ceci dit, le paysan, l’éleveur, le pécheur, l’élève, l’étudiant,
l’enseignant, l’apprenti, le marabout, le prêtre, le guérisseur, le
pharmacien, le médecin, la ménagère, l’ouvrier, le docker, le gardien,
le modou-modou, le chauffeur, l’artiste, l’artisan, l’écrivain, le
journaliste, le bureaucrate, en somme les travailleurs de tous les corps
de métiers, auxquels s’ajoutent les députés, les ministres et forcement
les présidents, doivent se donner la main dans un atmosphère de
fraternité et de bonne gouvernance pour exécuter, chacun dans son
domaine, la tache qui lui incombe dans notre nécessité d’œuvrer
individuellement et collectivement pour un développement global de notre
continent en général sur le banc des nations.
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